Lorsque la terre de Kua s’est refermée sur la dépouille de Sarah, beaucoup n’ont pu retenir leurs larmes. Tant l’annonce de son décès a créé une profonde émotion au sein de sa famille et dans le voisinage à Ouezzinville, secteur 15 de Bobo-Dioulasso. Mais pas seulement. Le départ prématuré de Sarah à l’au-delà a davantage exacerbé les tensions entre deux familles qui vivaient jusque-là en parfaite symbiose.
Même si les parents de Sarah n’étaient pas tout à fait favorables à ses relations avec son copain, Georges. Elève en classe de 3ème dans un établissement de la place, tous les témoignages décrivent une élève studieuse et brillante qui n’avait de cœur que pour ses études. Sauf qu’au début de l’année scolaire elle fit la connaissance de Gorges, un jeune déscolarisé du quartier qui se débrouille comme on aime le dire.
De cette rencontre commence alors une histoire d’amour entre les deux tourtereaux. Au bout d’un moment Sarah tombe enceinte de Gorges. Ses parents ne s’en reviennent pas. Suivant la tradition elle est contrainte de quitter la famille pour rejoindre celle de Gorges à l’autre bout du six-mètre. Naissent par la suite, de tensions entre sa famille biologique et sa belle-famille. Entre menaces par-ci et intimidations par-là, Sarah va devoir supporter aussi les injures de ses parents jusqu’au jour fatidique, pardon jusqu’à son accouchement.
Dans l’après-midi du samedi 24 avril pendant que Ouezzin-ville vibre au rythme du week-end, Sarah se plaint de douleurs au ventre. C’est le travail qui commence. Au regard de son état de femme en grosse, elle est aussitôt conduite dans un premier temps vers un centre de santé avant d’être référé à un second centre. Son cas nécessite qu’elle accouche par césarienne. L’intervention se déroule bien. Sarah et le nouveau né sont mis en observation en attentant leur éventuelle libération. C’est dans cette attente qu’elle rend l’âme. Laissant derrière elle son bébé. Et ses proches dans le désarroi total.
Il est presque deux heures du matin. La mauvaise nouvelle parvient à ses proches à travers les coups de fil tout au long de la nuit. La crise entre les deux familles va prendre une autre tournure. Tôt le dimanche matin alors que la dépouille se trouve encore à la morgue et pendant que tout le monde est réuni dans les deux familles pour faire le deuil, l’on assiste à une scène déshonorante. Déjà deux corbillards sont garés et probablement deux tombes pour un seul corps. Il aurait fallu des tractations tout au long de la journée pour concilier les positions. Finalement, Sarah a pu être accompagnée à sa dernière demeure, et inhumée en présence des membres des deux familles.
Source: L’Express du Faso