La coordination nationale des Délégués scolaires (CNDS) inquiete de l’impact des mesures prises par le gouvernement dans le domaine éducatif, a laissé savoir au cours d’une conférence de presse ce mercredi 3 juin à Ouagadougou, que « les élèves du Burkina Faso ne souhaitent pas achever l’année académique a n’importe quelle condition ». La coordination souhaite « bien la terminer et dans les meilleures conditions ». C’est pourquoi elle estime que le temps imparti pour les cours avant les examens est largement insuffisant pour rattraper le retard accusé.
Pour la coordination, la situation est encore plus critique pour les élèves en classes intermédiaires. En effet, à en croire les conférenciers, « la plupart des établissements n’ont même pas encore achevé le deuxième trimestre. « De quelle moyenne de deux trimestres parle-t-on monsieur le ministre ? », s’interroge Abdoulaye Bakouan, porte-parole de la coordination, délégué du lycée départemental de Didyr. « Au delà de la moyenne, quel niveau vont-ils avoir l’année prochaine? », se demande-t-il.
Les inquiétudes des élèves
En effet, cette reprise inquiète les délégués scolaires qui estiment que les conditions ne sont pas réunies pour faciliter le travail de leurs enseignants, et aider à la lutte contre le coronavirus. Sur le premier point qui concerne leurs enseignants, la coordination a rappelé que cette reprise des cours intervient dans un contexte de vives tentions entre les enseignants regroupés autour de leurs syndicats et le gouvernement. « Le gouvernement, au lieu d’accorder une attention particulière (aux revendications des travailleurs), a préféré passer à une phase de folie répressive avec plus de 700 salaires de travailleurs suspendus. Même des agents en congé de maternité ou en stage n’y ont pas échappé », déplore la coordination.
Pour le second point qui concerne la lutte contre le Covid-19, la coordination a révélé que « la distanciation physique est un leurre dans de nombreux établissements. C’est le cas entre autre au lycée Phillipe Zinda Kaboré, au lycée Nelson Mandela et au lycée Bogodogo où les élèves sont deux par table-banc ».
Aussi, contrairement aux promesses du ministre de l’éducation, poursuit M. Bakouan, tous les élèves n’ont pas reçu les cache-nez. Au lycée municipal Bambata, un seul cache-nez a été donné par élève. Quant au lycée départemental de Tibga, aucun élève n’a reçu un cache-nez au moment où se tient cette conférence de presse, déplore le porte-parole de la coordination.
Autre inquiétude posée par les élèves, c’est la reprise de juin qui coïncide avec la saison hivernale dans un contexte où certaines zones sont coupées du reste du pays. La CNDS dit être curieuse de savoir comment ces élèves vont aller à l’école ou rejoindre les centres d’examen. « Quelles mesures le gouvernement envisage par ailleurs pour que les camarades ne soient pas arrachés de l’école pour les travaux champêtres? », questionnent les conférenciers du jour.
Prenant au mot l’affirmation de certains syndicats, selon laquelle l’année peut être toujours sauvée, la CNDS dit refuser de se rendre complice du « sabotage de la formation des élèves du Burkina Faso ».
C’est pourquoi, elle interpelle vigoureusement le gouvernement à « réunir les conditions de garantie sanitaire pour une reprise sereine de l’ensemble des élèves; à apporter des réponses concrètes aux justes et légitimes revendications des travailleurs de l’éducation et à engager des concertations sérieuses avec l’ensemble des acteurs du monde éducatif pour une reprise concertée des cours ».
La coordination a également invité les élèves au respect strict des mesures édictées dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 et, surtout, à se tenir prêts pour répondre à tout mot d’ordre que commanderait l’évolution de la situation.
Minute.bf