Au moins une fois, vous avez certainement acheté de la noix de cola, soit pour la croquer, ou pour l’offrir à quelqu’un ou encore pour des fins coutumières. Quelle valeur attribue-t-on à ce produit et comment se passe sa commercialisation au Burkina Faso et particulièrement dans la Kossi ? Lisez !
La cola est une graine issue du colatier, une plante des forêts tropicales de l’Afrique occidentale. Cette plante est de la famille du cacaoyer et est cultivée en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Guinée. Elle peut atteindre 10 mètres de hauteur et ses graines, appelées noix de cola, sont portées dans des gousses longues d’environ 2,5 centimètres. Après avoir cueilli la noix, l’on l’a fait bouillir pour la débarrasser de ses téguments. Elle est ensuite séchée avant d’être prête pour la consommation. Son goût est amer et aromatique.
Généralement consommée par les personnes du troisième âge, l’on rencontre également des jeunes qui consomment la cola. Pour certains, la cola a des vertus sanitaires. C’est le cas de Kadidja Djerma, âgée d’environ 60 ans. << J’ai longtemps souffert de douleurs musculaires. C’est alors qu’une amie m’a conseillée de consommer de la cola >>, explique-t-elle. Alors, depuis deux ans, elle consomme la cola et confie y avoir trouvé son salut : << Dès que je ressens les douleurs, j’en consomme et ça passe >>.
Il semble également que la consommation de ce produit permet de stopper la diarrhée, soulager les maux de tête, la fatigue générale et de faciliter la digestion. Cette graine est surtout un puissant stimulant car une graine pourrait contenir jusqu’à 4% de caféine. C’est surtout la variété appelée petit cola qui est beaucoup prisée comme excitant au regard de ses propriétés aphrodisiaques. Des buveurs d’alcool reconnaissent aussi en cette variété, des capacités de dessouler. Selon certaines sources, la cola entre dans la fabrication du coca-cola.
Mais d’autres personnes la consomment par simple plaisir ou juste par habitude. Dans tous les cas, une sorte d’addiction intervient à un certain moment, à force de consommer. Comme le fumeur ou le buveur de bière, cette dépendance peut entraîner une consommation immodérée. << A long, terme, la consommation de la cola peut entraîner des maladies cardiovasculaires >>, prévient Koabié Bakouan, Médecin Chef du district sanitaire de Nouna.
Gaoussou Tinto, âgé de 63 ans, en consomme maintenant depuis environ une dizaine d’années. << J’ai un ami qui consomme la cola. C’est son remède contre la nausée. Souvent, je prenais des morceaux avec lui et petit à petit moi même j’ai commencé à en acheter. Je ne sais pas si ça me fait un quelconque effet mais je suis sûr que je n’en suis pas dépendant car je peux souvent faire deux jours sans en consommer >>. dit-il.
En dehors de la consommation quotidienne, la cola a une valeur métaphysique. Plusieurs personnes l’offrent aux vieilles personnes ou aux talibets en guise d’aumône pour obtenir des bénédictions ou pour accomplir les prescriptions d’un charlatan. Il est surtout fréquent de trouver de la cola sur les fourmilières ou même sur certaines voies selon les consignes du charlatan. Ainsi, en fonction de ces rituels, l’on distingue trois grands types de colas. Ce sont les colas de couleur blanche, rouge et marron. Il y a aussi des sous groupes en fonction de la forme.
Au-delà de tous ces aspects, la cola fat partie intégrante de la culture de plusieurs peuples africains. << La cola est le symbole du respect et de la considération. Selon l’islam, c’est un produit béni par Dieu >>, a expliqué El Hadj Adama Konaté, grand imam de Nouna. Ainsi, pendant les cérémonies de fiançailles, de mariage et de baptême et aussi lors des funérailles la cola est offerte aux participants.
Le marché de la cola à Nouna
Abdoulaye Konaté, habitant du secteur 5 de Nouna, est dans le domaine depuis son enfance. En effet, il aidait son défunt père connu sous l’appellation Biton Dara à vendre la cola depuis sa tendre enfance. C’est ainsi qu’après le décès de ce dernier en 2009, Abdoulaye a consacré sa vie exclusivement à ce commerce. Le métier semble bien nourrir son homme. << J’achète le sac de 50 kilogrammes à 45 000 francs à Bobo Dioulasso. Le prix évolue et peut atteindre 50 000 francs. Je revends le sac à 55 000 francs et la calebassée de 100 colas à 2 000 francs ou 3 500 francs selon le prix d’achat du moment >>, relate-t-il. Pour la vente en détail, une cola coûte entre 25 francs à 50 francs. Avec le transport, des graines se cassent. Ces morceaux sont rassemblés et le sachet de cinq est vendu à 25 francs. << Par jour, je vends au moins un demi sac soit 25 kilogrammes de colas. Je ne calcule pas mes recettes car j’en dépense au fur et à mesure que j’encaisse. Je sais néanmoins que grâce à ce travail, j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille. Les frais de scolarité de mes enfants proviennent de là >>, a-t-il confié.
Boukary Savadogo est âgée de 63 ans. Il a commencé la vente de cola à Kaya avant de s’installer à Nouna en 1995 pour continuer la même activité. Lui aussi a embrassé le métier grâce à son père. << J’accompagnais mon père dans les villages pour vendre la cola depuis mon enfance et c’est devenu ma profession >>, a-t-il affirmé. Pour lui, l’activité ne rapporte plus comme avant. << Avec la modernisation, le marché est devenu lent. Les gens utilisent de plus en plus les bonbons et les dattes pour leurs cérémonies >>, a-t-il dit.
Ainsi, pour assurer sa pitance quotidienne, il a dû initier un petit commerce d’articles divers à savoir les lotus, la cigarette et les bonbons.
Issa Mada Dama