samedi 21 décembre, 2024 | 16:41

Les serveuses de bar : Pas forcément des prostituées

Cute woman wearing a sexy referee outfit and holding a tray of beer for a sports bar concept

Beaucoup les jugent sans vraiment les connaître. Beaucoup les prennent pour les plus perverses du monde. Est-ce vraiment le cas pour elles toutes ? Pour comprendre, nous avons fait une immersion dans l’univers des serveuses à Nouna.

O.I : << Je suis élève. J’ai composé le BEPC cette année mais ça n’a pas marché. Je suis ici pour chercher l’argent afin de pouvoir payer ma scolarité à la rentrée prochaine. Les clients nous harcèlent mais je ne me sens pas obligée de céder à leurs avances >>.

A.G : << Je suis de Bobo-Dioulasso. C’est la recherche de l’argent qui m’a conduite à venir servir dans un maquis ici. J’aidais ma mère à vendre des habits mais je veux ouvrir mon propre magasin. La journée, je peux avoir entre 5 000 à 10 000, c’est la somme des petits jetons que les clients me laissent en plus de mon salaire. C’est normal qu’on nous traite de prostituées car franchement certaines serveuses acceptent les avances des clients. Souvent, on me harcèle et gare à moi si je ne trouve pas une manière très efficace pour refuser : Je reçois alors des injures de toute sorte. Mais quand on sait ce qu’on cherche, on a toujours les moyens de s’en sortir. Pour réussir la vie de serveuses, il faut avoir du tact. En réalité, les clients fréquentent le maquis à cause des serveuses et celles-ci ont le rôle de maintenir la clientèle. Moi, j’ai mon copain et avec les autres clients, j’essaie de jouer le jeu pour qu’ils n’abandonnent pas le maquis. Le plus grand problème pour les serveuses, c’est aussi la question de l’accoutrement. Il y a une certaine pression d’acheter chaque fois des nouveaux habits pour être à la mode. Ce qui fait que beaucoup n’arrivent pas à économiser >>.

I.A : << Je suis de Ouagadougou. J’ai quitté l’école en classe de 3e. Je suis ici pour chercher l’argent. J’ai un salaire de 35 000 francs et en dehors de cela, mes pourboires journaliers peuvent atteindre 10 000 francs. Avant de venir ici, j’ai déjà servi dans d’autres bars. J’avoue que c’est un domaine qui donne de l’expérience. Je ne suis pas une prostituée. J’ai mon copain. Si un client veut sortir avec moi, je lui dis clairement que j’ai un copain. Souvent, certains nous profèrent des injures pour rien. Ça fait que je n’ai pas dit à mes parents que sers dans un bar car ils vont penser aussi que je me vends. Moi j’ai travaillé dans les maquis et j’ai ouvert un magasin de vente de vêtements à Ouagadougou. J’ai pris un employé pour le gérer et je suis ici pour chercher l’argent et aller ouvrir un deuxième. Dès que j’ai la somme nécessaire pour ce projet, j’arrête d’être serveuse >>.

Z.O : << Je suis élève en classe de 1ere A. Comme ce sont les vacances, j’ai décidé de venir chercher l’argent pour payer ma scolarité vu que mes parents n’ont pas les moyens. J’ai un salaire de 30 000 francs et avec les pourboires que je gagne, je ne me plains pas. Les clients nous draguent mais ce n’est pas pour autant que nous sommes toutes des prostituées. Moi j’ai un seul copain qui prend bien soin de moi. Les gens ont souvent raison de nous traiter de prostituées car certaines serveuses suivent les clients à cause de l’argent. Je suis venue avec deux sœurs, des élèves aussi. Elles se comportent bien également >>.

A.S : << Je suis animateur de maquis. Pour décrire l’univers des serveuses, je dirai que c’est un métier comme tout autre, qui libère et qui nourrit. Ceux qui pensent que c’est un métier de prostituée se trompent. Peut être que moi même avant de les côtoyer, je pensais que c’était indigne d’être serveuse. J’ai même du mal à les appeler serveuses, je préfère plutôt les appeler hôtesses car leur rôle tout comme celui des hôtesses de l’air, consiste à maintenir la clientèle du bar en leur offrant un service de qualité (accueil, causeries…) En outre ce sont des femmes, des filles comme les autres. Une confidence : j’en connais qui sont élèves. Elles viennent pendant les vacances chercher leur scolarité afin d’alléger la tâche des parents. J’avoue que j’en connais plus d’une qui sont à l’université après avoir mené cette activité 3 ou 4 ans. Il y en en également qui ont pu économiser pour ouvrir leur kiosque, boutique ou restaurant. Il y a une que j’ai connu il y a 4 ans. Elle a un fils unique dont le père a fuit ses responsabilités. Alors cette brave dame, grâce aux revenus du métier de serveuse, paie la scolarité de son fils. Dieu merci ce fils n’a pas déçu sa chère mère car il a décroché son bac cette année. Je précise que le fils ignore ce que fait sa maman. Elle m’a confié qu’elle craint que son fils ne la condamne. Maintenant dans tous les domaines il y a des brebis égarées. Parmi les serveuses, il y en a qui font autres choses. Je préfère ne pas rentrer dans les détails. Les conseils pour celles qui sont venues pour mener sainement le métier afin de s’offrir une bonne vie, je dirai que Dieu les bénisse et qu’il guide leur pas. Je souhaite vivement qu’elles fassent attention aux hommes qui viendront les flatter avec des paroles sucrées. Elles n’ont qu’à rester concentrées. L’avenir est possible pour elles et ce métier fera parti de leur passé. Je demande aux clients des maquis de les respecter. Ce sont nos filles, nos soeurs et même souvent nos mamans. Elles sont généralement là pour chercher leur pain quotidien >>.

Issa Mada Dama

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