L’Union des religieux et coutumiers du Burkina ( URCB) a organisé une journée de plaidoyer auprès des leaders communautaires de Simbadougou, village situé à 16 kilomètres au nord-est de Nouna. Cette activité s’inscrit dans le cadre de l’exécution du Projet de renforcement des capacités des organisations de la société civile pour l’abandon du mariage d’enfants ( PRECOSC/AME ). C’était le 8 avril 2021.
Au Burkina, 53% des filles sont mariées avant 18 ans et 10% avant 15 ans. Ces chiffres sont alarmants et placent notre pays au 6e rang mondial en matière de prévalence élevée du mariage d’enfants. La Boucle du Mouhoun, avec 105 cas enregistrés en 2019, fait partie des régions les plus touchées par le phénomène. C’est pourquoi l’URCB s’est engagée pour le combattre à travers des plaidoyers et des sensibilisations auprès des leaders religieux et coutumiers, des parents et des enfants. Ces activités sont menées grâce au soutien financier de la Coopération Danoise à travers Save the children.
La rencontre de Simbadougou a été un réel tremplin pour aborder en long et en large la problématique du mariage d’enfants. Face aux participants, le Baloum Naba de Tampouy, Chargé de mission à l’URCB, a d’abord présenté la structure, le contexte de sa création ainsi que ses objectifs.
Il a ensuite défini le mariage d’enfants comme toute union qui concerne une fille ou un un garçon qui n’a pas 18 ans. Les pesanteurs socio-culturelles, la pauvreté des ménages, les grossesses précoces et non désirées, la non reconnaissance des mariages religieux et coutumiers et la faiblesse du financement des actions de promotion des droits des enfants sont entre autres les causes de la pratique selon lui. Comme conséquences, il a relevé les difficultés à l’accouchement, la mortalité maternelle et infantile et l’abandon scolaire.
<< Nous sommes venus vous demander de nous aider à lutter contre le mariage d’enfants. Avant de marier vos enfants, rassurez vous qu’ils ont l’âge requis >>, a lancé le Baloum Naba à l’endroit des participants.
Après avoir évoqué les sanctions en matière de mariage d’enfants, il a enfin, invité les participants à s’impliquer davantage dans l’éducation de leurs enfants en développant une bonne collaboration avec l’école et les centres de santé.
El Hadj Issaka Savadogo, Superviseur du PRECOSC/AME, a lui aussi insisté sur l’éducation de enfants en ces termes : << Les hommes fuient souvent leur responsabilité en abandonnant l’éducation des enfants aux mains des femmes seulement. Il faut que chacun s’y implique sérieusement >>. << Soyons des amis pour nos enfants afin de les aider à grandir normalement >> a-t-il poursuivi.
Les participants ont salué la démarche de l’URCB et exprimé leur adhésion à la lutte contre le mariage d’enfants. Ils ont également pris l’engagement de relayer le message auprès des membres de leurs communautés.
Par ailleurs, l’esprit de l’URCB a beaucoup inspiré certains participants. C’est le cas du Catéchiste du village, Leo Benjamin. Ce dernier a, en effet, appelé les leaders communautaires de Simbadougou à s’unir afin de relever les défis de cohésion sociale et de violences faites aux femmes.
En rappel, l’URCB est une association nationale qui regroupe 4 communautés à savoir les musulmans, les catholiques, les protestants et les coutumiers. Elle a été créée en 2007 et a des représentants dans toutes les localités du pays.
Issa Mada Dama