Depuis le 13 juillet 2022, la circulation des grosses motos et des tricycles est interdite dans 04 provinces de la Boucle du Mouhoun à savoir les Balé, les Banwa, la Kossi et le Sourou. Cette interdiction s’étend sur 03 mois, soit jusqu’au 12 octobre 2022. Si la mesure est strictement respectée dans la Kossi, elle a engendré des changements dans le quotidien des populations.
Les grosses motos sont les plus prisées dans cette partie du Burkina Faso, surtout dans les villages. Les tricycles ont presque remplacé les charrettes. L’interdiction de la circulation de ces engins entraîne donc quelques torts aux acteurs de certaines activités socio-économiques. Mais ces derniers tentent de s’adapter pour continuer à mener leurs travaux.
Des commerçants de bétails et de produits divers se servaient des grosses motos pour aller à la conquête de la clientèle dans les marchés des villages. Ils sont retournés maintenant aux vélos. Ce qui les empêche de pouvoir se rendre dans certains marchés éloignés.
Les charettes et les pousse-pousse qui n’étaient plus à la mode à cause des tricycles, ont refait surface. Des jeunes transporteurs de bagages que nous avons trouvés à la grande gare de Nouna nous ont exprimé leurs souffrances. En effet, en plus des efforts physiques, leurs chiffres d’affaires ont baissé car avec les pousse-pousse, ils ne peuvent plus exécuter certaines tâches. L’un d’eux a précisé qu’il pouvait gagner souvent 5 000 francs par jour avec le tricycle car il livrait aussi du sable, du gravier… Mais de nos jours, il a de la peine à rentrer avec 1 000 francs selon ses dires.
Il y a aussi les mécaniciens qui sont confrontés à la baisse de la clientèle. << Ma spécialité c’est la réparation des motos à grosse cylindrée. C’est donc un coup dur pour mon business >>, nous a confié le responsable d’un atelier de mécanique à Nouna. Néanmoins, tout près de lui, un spécialiste de réparation de P50, Ninja, Delta et autres petites motos fait de bonnes affaires actuellement. << Plusieurs personnes sont ressorties avec leurs vieilles motos. Ce qui fait que je suis débordé de nos jours >>, a-t-il expliqué. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, sommes-nous tentés de dire !
Si certains habitants aisés ont rapidement acheté des petites motos, d’autres ont remis sur pied leurs anciens vélos abandonnés depuis des années. Dans la circulation d’ailleurs, l’on compte désormais plus de vélos que de motos actuellement. Ce qui fait l’affaire des mécaniciens de vélos. Il y a également ceux qui se servent désormais de leurs pieds pour gérer les courses…
Le plus compliqué, c’est au niveau des villages qui n’ont pas de centre de santé. Les grosses motos et les tricycles y étaient utilisés pour les urgences sanitaires. Mais avec la mesure, il faut s’adapter. Certains utilisent désormais des charrettes à attraction asine. Il y a quelques jours, avons-nous appris, une femme enceinte a accouché dans une charrette en tentant de rejoindre un centre de santé. << Dans mon village situé dans la commune de Doumbala, il n’y avait aucune petite moto. Un enfant de 15 ans y est décédé des suites d’une maladie la semaine dernière. Les parents n’ont pas pu l’amener à temps au CSPS qui est un peu loin dans un autre village. Rien ne dit qu’il allait survivre mais il aurait au moins pu accéder à des soins >>, a confié un interlocuteur.
Malgré ces difficultés, les populations respectent la mesure et s’adaptent comme elles peuvent. Tous ceux avec qui nous avons échangé sur la question comprennent que la décision a été prise pour la bonne cause : le retour de la paix, gage de vie harmonieuse. Ils espèrent surtout que la mesure va produire les résultats recherchés dans de meilleurs délais. Mais certains ont affirmé qu’ils auraient souhaité que la ville de Nouna fusse épargnée, ne serait-ce que dans la journée.
Issa Mada Dama
Timbanews.net