mercredi 2 avril, 2025 | 21:16

Kossi : 2 cas d’avortements autorisés sur 494 cas en 2024

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Malgré les efforts de vulgarisation de la loi sur l’interruption sécurisée des grossesses au Burkina Faso, les avortements clandestins demeurent une pratique à la peau dure dans la province de la Kossi. L’ignorance de la possibilité de bénéficier d’un avortement selon les règles serait la principale cause. Pour en savoir plus, nous avons interrogé des populations de Nouna ainsi que des professionnels de la santé de la zone.

On parle d’interruption sécurisée de grossesse lorsque l’avortement est pratiqué par une personne qualifiée qui a les compétences et les informations
nécessaires et quand cela se déroule dans un environnement adéquat respectant les normes médicales. C’est le code pénal 2018, en ces articles 513-13 qui décline les différentes conditions pour passer à l’acte. Il y a donc quatre conditions pour pratiquer un avortement sécurisé dans notre pays. Si la grossesse met en danger la santé de la femme, s’il existe des anomalies fœtales reconnues incurables par un médecin lors du diagnostic, en cas de viol et en cas d’inceste, la victime est ainsi en droit de bénéficier d’un avortement autorisé. Cela relève de la compétence d’un médecin qui peut délégué ses pouvoirs à un Ingénieur des sciences infirmières et obstétricales, à un Attaché de santé, à une Sage-femme ou à un Maïeuticien. Pour les cas de viol et d’inceste, l’autorisation d’avorter est accordée dans un délai de 14 semaines de grossesse suite à une dénonciation, des enquêtes et une décision du Procureur. Pour les cas pourtant sur la santé de la maman ou les malformations du foetus, l’interruption de la grossesse peut se faire à tout moment.

Cependant, l’autorisation par la loi de l’interruption sécurisée de grossesse est presque méconnue dans la Kossi. Nous avons interrogé une dizaine d’hommes sur le sujet. Seul un d’entre eux a dit avoir connaissance que la loi autorise un avortement sécurisé en cas de viol. Les autres n’ont que connaissance des avortements clandestins qui peuvent provoquer la stérilité et souvent la mort chez la femme. Nous avons également interrogé une vingtaine de femmes. La plupart préfère ne pas parler du sujet. Quant à celles qui ont accepté en parler, environ trois, elles ont appris que l’avortement est autorisé à certaines conditions, sans pouvoir énumérées ces conditions.

« L’interruption sécurisée de la grossesse n’est pas connue de tous. Nous rencontrons souvent des cas de viol qui ne sont signalés que quelques temps après lorsque la victime ne voit pas ses menstrues et qu’elle se présente au centre de santé. Alors qu’en ce moment, il est difficile d’établir les preuves du viol, donc pas possible de pratiquer l’avortement sécurisé » a expliqué Adissa Maïga, Sage-femme au CMA de Nouna.

Nous avons également eu un entretien avec Jonas Bourgou, Attaché de santé en soins infirmiers et obstétricaux au district sanitaire de Nouna. D’après lui, les statistiques présentent seulement deux cas d’interruption sécurisée de grossesse réalisés à Dedougou sur des bénéficiaires provenant de la Kossi en 2024. Cependant, la province a enregistré la même année, 494 cas d’avortements, la plus part de façon clandestin selon les statistiques qu’il nous a présentées. « Généralement, ce sont les complications suite aux avortements qui amènent les intéressées dans les centres de santé. Mais là aussi, elles nient globalement l’idée d’interruption volontaire de grossesse », a-t-il ajouté.

L’Attaché de santé Bourgou a également évoqué les efforts de sensibilisation pour éviter l’avortement clandestin au profit de celui autorisé et sécurisé selon la loi. « Lors de la semaine de planification familiale, des sorties de sensibilisation ont été réalisées dans la plupart des écoles et les sites de regroupement. Aussi, plusieurs associations mènent des actions de sensibilisation au niveau communautaire. Par ailleurs pendant la semaine rose en octobre, toutes les formations sanitaires ont mené de façon intense les activités de sensibilisions au profit des jeunes. A cette occasion le centre jeune de Nouna a visité toutes les écoles pour parler des grossesses indésirées et les conséquences y relative », a-t-il expliqué.

Il faut le dire, la sexualité est toujours un tabou dans la Kossi. Pour réussir à diminuer les cas de grossesse indésirées qui sont généralement les causes des avortements clandestins, il convient d’intensifier sur les sensibilisations sur la contraction et de faire la promotion d’une sexualité responsable. Des séances radiophoniques, des focus groupes et des théâtres fora s’imposent également pour vulgariser la loi sur l’interruption sécurisée de la grossesse. Des citoyens pensent également au renforcement de l’enseignement de la santé sexuelle et reproductive dans les programmes scolaires.

Issa Mada Dama
Timbanews.net

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