Célébrée à chaque 10 octobre, la Journée mondiale de la Santé mentale (JMSM) a été commémorée en différé le 19 octobre dernier à Nouna. Organisée par le service de Réhabilitation à Base Communautaire (RBC) de l’OCADES Nouna, cette commémoration s’est articulée autour d’un lot d’activités dont une conférence publique animée ce jour dans la salle de réunion du CAPA par Hien Ollo, spécialiste en santé mentale au CHU de Gaoua.
Le handicap mental semble être le parent pauvre des interventions dans le domaine du handicap, eut égard à sa complexité, et même, des conditions de travail des agents en santé mentale. Or cette question est plus que préoccupante. Les personnes atteintes de troubles mentaux et neurologiques sont présentes dans toutes les régions du monde, dans toutes les communautés et groupes d’âge, indépendamment du niveau de vie de leurs pays. Alors que 14% de la charge mondiale de morbidité est attribuée à ces troubles, la plupart des personnes affectées, moins de 75% d’entre elles vivent dans les pays à faible revenu, ne peuvent pas accéder au traitement dont elles ont besoin. Au Burkina Faso, une étude épidémiologique en population générale réalisée en 2015 a montré que 41% de la population générale âgée de 18 ans et plus a souffert d’au moins un trouble mental. Ce qui traduit l’importance de cette pathologie au pays des Hommes intègres.
Dans la commune de Nouna, malgré cette situation générale, les personnes handicapées mentales bénéficient d’un accompagnement global, grâce aux interventions du programme RBC soutenu par CBM. Sous le thème : « Santé mentale pour tous : plus d’investissement, plus d’accès », l’objectif que s’est fixé la RBC est de faciliter l’intégration socioprofessionnelle des personnes déficientes psychosociales et intellectuelles dans la Kossi. Définissant l’accès aux soins, le conférencier Hien a relevé entre autres comme difficultés liées à la santé mentale, le manque de personnel spécialisé pour les soins mentaux et le faible taux du budget alloué à la santé mentale. Au regard des conséquences néfastes de la santé mentale sur la population, investir dans le secteur s’avère comme un impératif. Pour ce faire, monsieur Hien a stipulé qu’au niveau politique, les gouvernants doivent allouer un budget conséquent, mettre à la disposition des populations plus de personnels qualifiés et des hôpitaux pour la santé mentale.
Aussi, il faut la formation des agents non spécialistes, les familles, l’entourage au niveau sanitaire, la recherche des financements au profit des malades mentaux, la mise à contribution des associations pour des plaidoyers en faveurs de ces malades au plan communautaire. « La famille doit être solidaire. Elle doit orienter ses dépenses, rechercher des informations justes, bien traiter le malade, garder le malade à la maison et non le laisser dans la rue », a ajouté Hien avant d’inviter chacun individuellement pris à garder son malade mental dans un bon état et à adopter des comportements positifs envers les malades et à s’auto-former pour éviter la maladie.
« Le but de cette journée est d’apporter plus d’attention aux maladies mentales et aux personnes vivant avec ces maux autour de nous. C’est aussi prévenir les maladies mentales et travailler à ce qu’on ait de plus de nouveaux cas de troubles mentaux » a laissé entendre la Sœur Toyin ABEGUNDE, responsable du programme de Réhabilitation à base communautaire (RBC) à l’Ocades Caritas Nouna. A l’issue de la conférence, pour marquer davantage cette commémoration, organisateurs et participants ont procédé à un don de sang afin de sauver des vies. Au-delà de la conférence publique, des visites aux bénéficiaires et des causeries-débats ont été menées par la RBC jusqu’à la date du 24 octobre.
Présents à l’ouverture de cette journée commémorative, David Ayoro, Secrétaire général de la province de la Kossi, représentant le Haut-commissaire, son Excellence Monseigneur Joseph Sama, Evêque du diocèse de Nouna et le Secrétaire exécutif diocésain de l’Ocades Caritas Nouna, abbé Sébastien Sanou, ont tous remercié les participants et invité par la même occasion les uns et les autres à avoir un regard positif sur les malades mentaux et surtout d’être disponibles à les aider d’une manière ou d’une autre afin de contribuer à leur guérison.
Issa Lazare Kolga