En cette journée de 8 mars dédiée à la Femme, nous vous présentons le parcours hors du commun d’une dame qui force l’admiration. Sage-femme de formation, elle a servi vaillamment son pays au CMA de Nouna durant toute sa carrière. Admise à la retraite à l’âge de 58 ans, cette amazone de la santé continue de faire valoir son expertise pour le bonheur des populations de la Kossi.
Née le 11 juillet 1960 à Nouna où elle a fait ses études primaires, Eugénie Bonané / Dama a obtenu le BEPC à Ouahigouya. Elle abandonne les bancs en classe de Première D alors qu’elle fréquentait le lycée Tounouma filles de Bobo. En 1980, elle est admise au concours des Sages-femmes d’Etat et suit sa formation à l’Ecole nationale de la santé à Ouaga et sort 12e de sa promotion. Elle prend alors fonction le 2 juillet 1984 en tant que responsable de la maternité au CMA de Nouna où elle est restée jusqu’à son départ à la retraite le 11 juillet 2018.
L’amour et le dévouement au travail, le sens de l’accueil et la gentillesse avec les patients définissent cette dame dont les conseils ont fait du bien à de nombreux couples. L’une de ses qualités réside dans la facilité qu’elle a de gérer les cas d’accouchement difficile. « C’est ma chance, je dirai même que c’est une grâce divine de réussir chacune de mes interventions », a-t-elle répondu lorsque nous avons évoqué ce sujet. Elle a aussi aidé plusieurs couples à concevoir. Madame Bonané est surtout réputée pour ses actions contre l’avortement. Grâce à son assistance morale, de nombreuses filles désespérées ont gardé leur grossesse.
Au regard de son abnégation au travail, Eugénie Bonané a reçu deux distinctions nationales. En effet, elle a été faite Chevalier de l’ordre du mérite burkinabè en 2005 et Officier du même ordre en 2012. En plus de ces reconnaissances nationales, elle est également beaucoup appréciée à Nouna. « Les témoignages de satisfaction des populations me parviennent régulièrement. Cela me réconforte énormément et me pousse à mieux faire encore », se réjouit-elle.
L’ablation du sein
En 2004, Eugénie Bonané a été victime d’un mal de sein. Des examens du cancer ont été faits et l’ablation du sein lui est alors proposée. Après cette opération, des examens approfondis qui ont été effectués en France ont révélé qu’il ne s’agissait pas du cancer. Mais cette situation n’a pratiquement rien changé dans l’efficacité au travail chez la brave dame, ni entrainé une quelconque souffrance morale. Ses deux décorations sont d’ailleurs intervenues après cet incident.
Depuis son admission à la retraite en 2018 jusqu’à nos jours, Eugénie Bonané offre ses services au CSPS diocésain de Nouna. « A quelques mois de mon départ à la retraite, ce centre de santé m’a sollicitée pour y travailler. Son responsable m’a clairement dit qu’il a besoin de mon expérience mais que son établissement ne dispose pas de moyens pour me prendre en charge. Alors, j’ai décidé d’aller y travailler gratuitement. En réalité, ce travail constitue un loisir pour moi et avec ma pension de retraite, j’arrive à subvenir à mes besoins. J’ai néanmoins reçu deux fois une motivation pécuniaire de la structure », explique-t-elle.
A la jeunesse, Eugénie conseille de toujours aimer son métier. Pour elle, « le travail bien fait donne une satisfaction morale et une bonne réputation, choses qui ne peuvent s’acheter. Etre toujours bien apprécié par la population n’a pas de prix ».
En ce qui concerne l’émancipation des femmes, elle pense que la femme doit rester soumise à son époux. « Je suis d’accord avec la promotion des droits des femmes mais cela ne doit pas se traduire par un combat de rivalité entre elles et les hommes. Dans le foyer, chacun doit reconnaitre sa place, car, il n’y a pas deux capitaines dans un même bateau », pense-t-elle.
Eugénie Bonané est mère de cinq enfants et grand-mère de sept petits-enfants. Son unique préoccupation porte sur l’avenir de ses descendants.
Issa Mada Dama